LES ARTISTES
Comme nous le rappelle Etienne Souriau dans son vocabulaire d’esthétique, la représentation des êtres humains en sculpture a joui d’une préférence, transformée en une sorte de privilège de droit et de norme hiérarchique. De la sorte, l’art de l’animalier est estimé inférieur, quant à parler de l’art végétal, ce dernier est considéré comme simplement ornemental. Cela établit, comment des sculpteurs prenant appui sur l’animalier et le végétal pourraient arriver à capter le regard du spectateur au même titre que ceux prenant appui sur l’humain ?
Quelles incidences ces deux arts «inférieurs» et «ornementaux» auraient-ils sur la représentation et l’espace en trois dimensions ?
India Leire appartient à cette catégorie de sculptrices dont le répertoire, au premier regard du moins, s’inscrirait dans un monde animalier et végétal : des œuvres comme Lotus, The Colony ou encore Zoantharia constitueraient des aboutissements d’une recherche biologique, quand d’autres comme Siren ou Arachne relèveraient d’un intérêt pour les créatures mythologiques et le zoologique. Mais à la manière de Louise Bourgeois dont l’araignée monumentale commandée et exposée à Londres est une ode à sa mère et s’affaire à une suite de métaphores associées, les sculptures de la jeune artiste sont autant d’images se référant à l’humain et suggérant de la sorte au spectateur une réflexion sur la condition humaine.
Image de soi, image de l’autre, attraction et répulsion, séduction et toxicité, les sensations visuelles et tactiles que nous procurent ces travaux en plâtre, en terre ou en bronze concourent toutes à s’interroger sur les rôles que nous jouons en société, et comment ces derniers mis en relation avec autrui déclenchent actions et impressions, aussi bien positives que négatives. India Leire met ainsi en scène une série de fables sociales, où le spectateur invité à en faire l’expérience sensible se retrouve face à des créatures anthropomorphes devant lesquelles une morale plus ou moins explicite est à l’œuvre.
A la représentation allégorique s’ajoute chez l’artiste un certain goût pour le monochrome : plus « purement sculpture », le blanc du plâtre ou le noir du bronze se contentent des seules formes spatiales et jeux d’ombre et lumière pour permettre aux créatures représentées d’opérer leurs stratégies sur le spectateur. L’absence de couleurs permet alors de se focaliser sur le temps suggéré, celui du mouvement qu’India Leire cherche à rendre et valoriser comme apparence de vie, et donner ainsi un semblant d’existence à ces matériaux a priori immobiles. Perfection du poli, netteté de la lumière, précision de l’ombre, il s’agit ici de permettre à la matière, à ses propriétés physiques, de prendre leur plein essor et garantir aux formes circulaires que l’artiste leur donnent une présence effective dans l’espace public. Affirmation de l’œuvre, débordement du socle traditionnel, sollicitation sensorielle, ou bien tout cela mélangé et converti au service de l’appropriation plastique d’un lieu ou de l’environnement, celui où l’auteur tente de rencontrer le spectateur.
- Mathieu Lelièvre, critique d’art
FORMATION
2019-2020
BPA Aménagements paysagers. Lycée des métiers de horticulture et du paysage, Montreuil
2008 - 2013
Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts, Paris
DNSAP avec les félicitations du jury - Sculptures, dessins, l’atelier Giuseppe Penone et Patrice Alexandre
EXPOSITIONS PERSONELLES
2019
Looking Glass, Bubenberg Gallery, Paris
2018
Origine, La Micro Galerie, Paris
2016
Madame Lupin//Recup’. Fort d’Aubervilliers. Paris
Chimera, Artefact, Paris
2015
Curiosités, La Micro Galerie, Paris
SELECTION D’EXPOSITIONS
2020
For Your Eyes Only. Galerie Bubenberg, Paris
Smarty’s Arty, Marty de moncereau, Paris
2019
Exposition Collective #4, Galerie Mariska Hammoudi, Paris
Exposition Collective, L’Espace Futur, Paris,
Stand A1. LN Editions. Grand Palais, Paris
2018
Morceaux Choisis. Bubenberg Gallery, Paris
2017
Parcours de l’art, festival de l’art contemporain, Avignon
Moquette et Papiers Peints. Paris
Kanjin Art Show.Madame Lupin Asnierres
2016
Private Choice. off de la FIAC Paris
Salon des Réalités Nouvelles, Le Parc Floral, Paris
If Light 2. Chenaux Gallery.Paris
Quatre-Chemins. Parc Diderot. Paris
Ecomorphose, La Galerie de la Maison des Initiatives etudiantes, Paris
LMG5, La Micro Galerie, Paris
2015
Le Climat Sur Son 21, Point FMR, Paris
Nymphaeum, L’atelier Gustave, Paris
La Micro Beach, La Micro Galerie, Paris
Chambre Blanche, The Craftshop, Paris
2014
sCULpTUUR, R.A.M Foundation, Rotterdam
Possibles d’un Monde Fragmenté, Palais des Beaux Arts, Paris
Salon des Réalités Nouvelles, Le Parc Floral, Paris
South Explorer, Foundation B.A.D. Rotterdam
RESIDENCES
2019
Residence Artistique. Atelier Claire de Lune, Margate
2016
Residence Artistique. Process’art Quatre-Chemins. Paris
2014
Residence Artistique, Foundation B.A.D, Rotterdam
COMMANDES PRIVEES
2018
Deux sculptures miniatures <<Hermaphroditus>> et <<Lure>>. Paris
Sculpture extérieure en bronze <<Arachne>>, Strasbourg
Sculpture extérieure << Et in Arcadia Ego >> , Land Art, Canterbury
Sculpture intérieure <<Through the Eyes of the Beholder>> Paris
PRIX
2015
Finaliste prix ICART, Espace Pierre Cardin, Paris
2014
Finaliste Prix Keskar, ENSBA, Paris
2007
Prix “Jeunes Artistes de moins de 21ans du sud de l’Angleterre”, deuxième place et première place pour le prix “céramique”