LES ARTISTES

Yoann Ximenes

Né en 1984 dans le sud de la France, vit et travaille à Paris.

Yoann Ximenes explore les relations entre les relations d'influence entre l'univers sonore et le monde physique. Plus précisément, l’objectif de sa démarche est de repenser le processus performatif par le biais de la création artistique. Il opère un retour critique sur la notion de performativité, développée par le philosophe John Langshaw Austin afin de l’extraire de son cadre purement linguistique. Depuis que la notion de performativité a été déterminée, nous connaissons la manière toute particulière dont le langage s’incorpore à l’action lorsque celui-ci s’éloigne de sa fonction représentationnelle. Le langage a le pouvoir d’intervenir sur le cours de la réalité en vue de la modifier. Il n’est plus seulement l’outil utilisé pour exprimer ou décrire la réalité telle qu’elle se présente. Dans le performatif le langage perd sa neutralité et, par la même, sa prétendue volonté à démêler le vrai du faux. Il devient alors façon d’agir sur le monde. Lorsqu’il est constatatif le langage passe et la réalité reste. A l’inverse, lorsqu’il est performatif le langage passe et la réalité trépasse ; elle n’est plus vraiment celle qui existait avant que le langage ne la teinte.

Le projet artistique mené par Yoann Ximenes est fondé sur cette hypothèse : le monde sonore réalise une action par le fait même de sa réalisation. Selon la force significative qu'elle véhicule au sein des sociétés, une parole est susceptible de modifier la réalité communément admise. En quelle mesure l'univers sonore façonne le monde et influence notre appréhension de la réalité ? Attaché à comprendre le « pouvoir des mots , remarquable outil visant à performer notre réalité, l'artiste explore l'enjeu politique de leur manipulation. Au croisement du monde sonore et du monde visuel, il étudie la transposition plastique d'éléments sonores et vocaux issus de l'actualité politico-sociale en des formes sculpturales et tracés graphiques dont la physionomie révèle la performativité des données initiales.